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mai-juin 2015 - n°41

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n°41 - mai-juin 2015

maga z i ne

2

r epo r t age

L

a visite commence

au bord de l’eau.

Depuis la berge,

sans relâche, dans

un léger ronronnement, une vis

d’Archimède pompe l’eau de la

Seine. «

Nous prélevons une quaran-

taine de mètres cubes par heure,

explique Arnaud Khau Van Kien,

responsable du parc.

Pour vous

donner une idée, ce que l’on pompe

en vingt-quatre heures représente le

débit du fleuve en une seconde

».

Ensuite, en sous-sol, sur quatre

cents mètres, quatre autres vis

sans fin, alimentées par des

moteurs électriques, acheminent

l’eau jusqu’à un premier bassin, le

plus élevé. À partir de là, elle va

s’écouler naturellement à travers

six bassins disposés en cascade –

au total, le dénivelé est de deux

mètres cinquante - et être progres-

sivement épurée. Cette «

usine à

dépolluer l’eau de la Seine

» est la

particularité du Chemin de l’Île.

Dernier né des parcs départe-

mentaux – il a ouvert en juin

2006 après trois ans de travaux –,

il doit son nom au quartier situé à

proximité, lui-même baptisé ainsi

car, au XIX

e

siècle, à cet endroit,

un chemin rejoignait les berges et

un embarcadère d’où un passeur

emmenait les riverains mais aussi

les Parisiens sur l’île Fleurie, juste

en face, connue et fréquentée

j us qu’ à l a s e c onde gue r r e

mondiale pour sa guinguette. Le

parc, qui s’étend aujourd’hui sur

vingt hectares, a été aménagé sur

un terrain marqué par deux

siècles d’urbanisation chaotique.

Les Papeteries de la Seine, la

maison d’arrêt de Nanterre, le

pont de l’autoroute A 14 et ses

pylônes, ceux du RER A… font

d’ailleurs partie du paysage. «

Les

particularités du site ont été un

véritable challenge pour le concepteur

du parc

, souligne Giulio Giorgi,

ingénieur agronome, paysagiste et

conférencier chargé des visites

guidées du Chemin de l’Île

organisées par le conseil départe-

mental.

C’est ce qui fait qu’il est très

découpé sur le plan paysager et qu’il

symbolise parfaitement la réconci-

liation entre la nature et la ville.

»

« Considérer la nature comme une

alliée et non comme une invitée »

était justement le parti pris du

paysagiste Guillaume Geoffroy-

Dechaume à l’origine du projet.

Des nénuphars pour sentinelle

La première partie du parc,

celle qui longe l’avenue Hoche,

perpendiculairement à la Seine,

est très minérale, géométrique et

aquatique. Le bassin le plus élevé,

là où l’eau commence à être filtrée,

est celui des typhas, ces roseaux

de plusieurs mètres de haut qui

poussent en colonies denses.

Leur rôle : enlever les charges

polluantes et réduire les taux de

nitrate, chlorures, phosphates,

la présence des métaux lourds

et des matières organiques en

suspension. Le deuxième bassin

dit

« bactériologique »

est peuplé

par une grande variété de plantes

aux besoins nutritifs et systèmes

de développement variés qui leur

permettent d’utiliser les germes

présents, c’est-à-dire les microbes,

en les transformant. Le troisième

bassin est celui des nymphéas.

« Son rôle est d’oxygéner l’eau,

précise Arnaud Khau Van Kien,

et

de servir de témoin, de sentinelle, car

les nénuphars ne se développent que

si l’eau est de bonne qualité et le taux

d’oxygène satisfaisant ».

Très loin de ces considérations,

Lilas, qui n’a même pas deux

ans, est plus intéressée par les

canards et le cygne qui se baladent

sur l’eau. Il faut dire que les

bassins constituent un important

réservoir de biodiversité pour la

faune aquatique. On y croise des

grenouilles, des libellules, des

hirondelles, mais aussi des poules

d’eau et des hérons cendrés. La

petite fille est venue au parc

du Chemin de l’Île avec ses

À Nanterre, ce parc départemental a été conçu

comme une « usine à dépolluer l’eau de la Seine ».

Balade explicative au milieu de ses vingt hectares.

Le parc

du Chemin de l’île

ou l’eau mise

en scène

Le parc du Chemin de l’Île

a ouvert en juin 2006 dans

le quartier du même nom.

CD92/W

ILLY

L

ABRE