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mai-juin 2015 - n°41

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n°41 - mai-juin 2015

maga z i ne

2

en t r e t i en

HDS

Pour décrire l’Arena,

Jacky Lorenzetti, le président

du Racing Metro 92, parle

d’ «

une salle de spectacle

dans laquelle on jouera au

rugby

». Qu’est-ce que cela

signifie pour vous ?

CdP

Il ne faut pas se tromper :

nous avons d’abord dessiné un

stade de rugby. Toute la base

technique : la hauteur du toit

pour être autorisé à jouer en

indoor

, la verticalité des gradins,

l a d i s t anc e qu i s épa r e l e s

premières tribunes du terrain,

la pelouse synthétique… Tout

cela est fait pour le rugby, pour la

qualité du jeu, pour l’ambiance...

Ensuite, à partir de là, nous avons

imaginé et intégré la configu-

ration spectacle et les bureaux

adjacents. Au final, je dirais que

l’Arena est un bâtiment hybride

parce qu’il fait plusieurs choses

à la fois. Il est « spectacle »,

« sport », « bureau » mais c’est

aussi un instrument urbain.

HDS

Vous avez longuement

réfléchi au geste architectural…

CdP

Le fait que ce soit un stade

en ville, très inscrit dans une

structure urbaine, c’est ce qui

m’a plu dans ce projet. C’était

un des challenges. Et puisqu’on

est en plein milieu de la ville,

cet équipement ne pouvait pas

avoir une allure de stade, être

juste un grand truc de béton

avec des parkings autour. Ça ne

pouvait pas être austère. D’où

ces écailles de verre et de métal

que j’ai imaginées et qui habillent

le haut du bâtiment et prennent

la lumière. Autre différence par

rapport à un stade classique,

j’ai fait prédominer une entrée

majeure qui sera sur le grand axe

et que l’on verra depuis la Grande

Arche. Toujours sur cet axe, il y

aura quelques commerces et une

grande brasserie bien exposée

avec une très belle vue.

HDS

Vous allez jusqu’à parler

d’un «

exploit sportif

». En

quoi en est-ce un ?

CdP

Il y avait cet enjeu d’image

dont je viens de parler. Mais

aus s i de d imens i on e t de

structure puisqu’on est limité

toire particulier pour un

architecte ?

CdP

Quand j’étais adolescent

et avant que je commence mes

études d’architecture, il y avait

déjà de grands débats sur le futur

de Paris. Les villes étaient en train

de croître à toute vitesse partout

dans le monde. Une des théories

existantes à l’époque en France

était le Paris parallèle. L’idée

était de garder le Paris histo-

rique, ses qualités, sa beauté et

de construire à une trentaine ou

une cinquantaine de kilomètres

un nouveau Paris où l’on pourrait

adopter tous les critères de la

modernité. C’est un peu ce que

l’on a fait à La Défense mais plus

proche que ce Paris parallèle

idéalisé. Aujourd’hui, La Défense

est un territoire de très haute

densité urbaine et d’une très

grande mixité avec le tertiaire, les

logements, les services en plein

développement et le système

de transports qui va encore se

compléter. Cette île tertiaire

entourée de son boulevard circu-

laire se diversifie et s’ouvre vers

l’extérieur.

HDS

En 2008, vous avez

fait partie des architectes

consul tés dans l e cadre

L’architecte Christian de Portzamparc revient en détail sur son dernier grand projet dans les Hauts-de-Seine :

l’Arena Nanterre-La Défense.

1969

Diplôme de l’École des Beaux-Arts de Paris

1987

École de danse de l’Opéra de Paris à Nanterre

1994

Prix Pritzker, l’équivalent du Nobel pour l’architecture

2008

Tour Granite pour la Société Générale à La Défense

2009

Immeuble Galéo, siège de Bouygues Immobilier, à Issy

2016

Arena Nanterre-La Défense

du Grand Paris où il était

notamment question de

La Défense. Qu’en reste-t-il

aujourd’hui ?

CdP

Pou r c ommenc e r, j e

pense qu’il y a eu une prise de

conscience collective. L’idée

qu’il n’y a pas qu’un centre

et une périphérie qui sert de

réserve mais qu’au contraire la

périphérie est un atout, qu’elle a

des fonctions, qu’elle produit de la

richesse. Cette idée a été défendue

et entendue. La métropole est faite

de pôles différents et complémen-

taires. Et La Défense est à l’évi-

dence un pôle majeur en dehors

de Paris. Faudrait-il en créer ou en

développer d’autres pour rééqui-

librer l’ensemble ? Sûrement.

Mais ça ne se fait pas avec des

mots. Et ça se fait aussi beaucoup

moins facilement aujourd’hui que

ça ne pouvait se faire il y trente

ou cinquante ans. Aujourd’hui,

il y a moins d’argent public, plus

de normes, plus de contrôles et

un consensus à établir à chaque

projet. Sans oublier la question de

la gouvernance à l’échelle métro-

politaine. Une question qui est

loin d’être réglée.

O

Propos recueillis

par Émilie Vast

Photo : Olivier Ravoire

en hauteur, en largeur et en

fondation. On est entre quatre

rues. Le terrain est petit. On a

des bretelles d’autoroutes qui

passent sous le bâtiment. Et à

tout cela s’est ajouté un calen-

drier très serré. Donc oui, c’est

un peu un exploit.

HDS

Est-ce que ça ne vous

a jamais paru insensé de

con s t r u i r e un s i g rand

équipement à cet endroit-là ?

Cd P

I l f a u t s e s o u v e n i r

qu’au moment où le projet

a commencé, au-delà de la

Grande Arche, il n’y avait pas

grand chose : un cimetière, un

terrain de sport et des chantiers…

Aujourd’hui les logements sont

là et on se rend compte, rétros-

pectivement, que cette idée de

mettre une grande salle en plein

milieu, a été un peu folle. Mais

en même temps c’est formidable.

L’Arena sera un cœur vivant pour

le quartier.

HDS

Ce projet est en accord

avec une idée urbanistique

que vous défendez depuis

longtemps : la fin du zoning.

De quoi s’agit-il ?

CdP

Le zoning est une théorie

du milieu du XX

e

siècle qui visait

à affecter certains espaces à

certaines activités pour organiser

au mieux le développement

urbain : une zone commerciale,

une zone de logements, une zone

d’activités avec les bureaux… Le

Corbusier l’a défendue comme

un facteur d’ordre et d’effi-

cacité. Certaines villes comme

Brasilia en sont la caricature…

Il était temps de mettre fin à cette

erreur de l’urbanisme moderne

car cela a été un facteur de perte

de qualité de vie.

HDS

Vous connaissez bien

La Défense. Est-ce un terri-

C’est un stade en ville.

Très inscrit dans

une structure urbaine

un cœur vivant

L’Arena

sera

votre

tablette numérique

et

video.hauts-de-seine.net

La visite du chantier de l’Arena

avec Christian de Portzamparc sur