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

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n°42 - juillet-août 2015

maga z i ne

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juillet-août 2015 - n°42

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

aujourd’hui plus aucun document

d’origine

, constate Christian

Lemoing, paysagiste des jardins.

Nous avons simplement conservé les

plans et ces autochromes. À partir

de ces données, on imagine, on inter-

prète…

 » Seul le jardin japonais

moderne a été créé au début des

années 1990. Pour être les plus

fidèles possibles, les dix jardiniers

remplacent ainsi chaque arbre

mort par une essence identique,

y compris au lendemain de la

tempête de 1999. «

Un trauma-

tisme

, se souvient Michel Farris,

chef jardinier et responsable des

jardins de collections.

On a vu 150

arbres par terre dans la forêt, 300

en tout. Puis on prend du recul :

finalement, cet événement nous a

permis de régénérer les jardins.

 »

Mémoire vosgienne

Le jardin à la française occupe

le cœur du domaine, comme un

signe de reconnaissance d’Albert

Kahn envers son pays. Il est

divisé en trois parties avec tout

d’abord les parterres symétriques

et surtout le palmarium, qui

accueillit toute la haute société de

l’époque. Aujourd’hui fermée au

public, cette grande serre abrite

des plantes exotiques comme

l’oiseau du paradis, un bananier

ou le frangipanier. À l’extérieur,

on pénètre dans le jardin fruitier-

roseraie, un espace « 

très construit,

très organisé, avec des points de fuite

et des arbres taillés en palmettes

 »,

comme le souligne Christian

Lemoing. Au printemps, il se

pare de rose et de blanc lors

de la floraison des différentes

espèces. Petit à petit, au fur et à

mesure que l’on avance, ce jardin

se transforme en verger avec ses

variétés de pommes et de poires.

La parfaite symétrie laisse ensuite

place à une prairie où l’on laisse

les boutons d’or sortir.

Mais c’est en s’enfonçant dans la

forêt bleue qu’on découvre pour

la première fois des essences

d’arbres venus de l’étranger,

avec des sapins des États-Unis

ou des cèdres bleus en prove-

nance d’Afrique du Nord. « 

Ce

qui intéressait Albert Kahn, c’était

les coutumes des différents peuples.

Avec les arbres de différents horizons,

on a l’impression de se retrouver

sur les cinq continents

 », explique

Christian Lemoing. On rejoint

ensuite le marais et ses deux

mares artificielles où se trouve

l’un des plus anciens arbres du

jardin, un marronnier datant des

années 1850.

Avant de pénétrer dans la forêt

vosgienne, la forêt dorée est une

prairie semi-naturelle qui doit son

nom à la couleur que prennent les

bouleaux pleureurs en automne.

Ici, le cadre est plus romantique

et bucolique. On y laisse « 

les

plantes s’exprimer.

 » Christian

Lemoing s’est lui-même rendu

jusque sur les terres natales

d’Albert Kahn afin de s’imprégner

des lieux et s’en inspirer pour

recréer cette forêt de 3 000 m

2

.

«

Nous avons essayé de recréer

trois étages avec des types de sol et

d’arbres différents.

 » Il aura fallu

près de 10 000 m

3

de terre pour

que, d’un relief totalement plat,

on puisse recréer deux versants :

l’un lorrain et l’autre alsacien.

Sur le premier, on retrouve des

épicéas et autres conifères. Sur le

second, place aux feuillus comme

le noisetier ou le charme. Lien

entre les deux parties, la présence

de hêtres. « 

Ici, c’est vraiment

le berceau d’Albert Kahn. Il a tout

fait lui-même. Et quand des Lorrains

viennent visiter cette forêt, ils sont

bien souvent subjugués !

 » Même

les roches, disséminées sur le

sol ou le long des chemins sont

d’origine : elles ont été importées

de Gérardmer.

Au t o t a l , l e s j a r d i ns s on t

composés de trois cents essences

différentes. En 2000, ils ont

reçu la labellisation Eve (Espace

végétal écologique), qui garantit

un entretien complètement biolo-

gique des lieux. «

Nous n’utilisons

plus de traitement chimique. Nous

protégeons la flore mais aussi la

faune puisque nous respectons les

périodes de reproduction des batra-

ciens. Enfin, nous travaillons si l’on

peut dire

“en autarcie”

puisque nous

créons notre compost

 », poursuit

Michel Farris.

Amour du Japon

On quitte les conifères vosgiens

pour le jardin anglais. Ici aussi,

la nature reprend ses droits

avec des tilleuls et des séquoias.

Une petite rivière sillonne le

jardin, formant une serpentine.

« 

Les jardins Albert-Kahn ne

sont pas un arboretum avec des

espèces rares mais d’abord un

lieu de promenade

 », explique

Christian Lemoing. Le jardin

anglais possède aussi la parti-

cularité d’être complètement

tourné vers les autres jardins de

scène. Bientôt, un portail typique

annonce au visiteur l’entrée dans

le jardin japonais. Albert Kahn

était un grand passionné de ce

pays où il s’est rendu à deux

reprises. «

Ma nature a de grandes

affinités avec la sensibilité des

Japonais et j’apprécie tellement le

calme et la douceur de leur façon de

vivre

», disait-il dans une interview

à la revue

France-Japon

en 1938.

La première partie de 900 m

2

suit fidèlement les autochromes

Le jardin anglais est bordé

par un cours d’eau dont la forme

inspire la Serpentine qui traverse

Hyde Park à Londres.

Un portail typique annonce

l’entrée dans les jardins inspirés

du Japon, l’un des pays de

prédilection d’Albert Kahn.

La forêt vosgienne et ses

versants alsacien et lorrain

sont inspirés des paysages

de l’enfance d’Albert Kahn.

CD92/O

livier

R

avoire

CD92/O

livier

R

avoire