

novembre-décembre 2015 - n°44
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HDS
mag
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ex po s i t i on
É
mile Verhaeren
a u r a é t é u n
fervent soutien et
défenseur des
a v a n t - g a r d e s
picturales de la fin du XIX
e
siècle.
Précurseur du vers libre, il est
salué dans toute l’Europe qui voit
en lui l’incarnation d’un nouveau
style littéraire. L’éclatement de la
prosodie classique donne un
souffle intense à son œuvre qui
exalte le décor industriel, la force
du progrès technique, l’urbanisa-
tion (
Les Villes tentaculaires
), ou
encore la lutte quotidienne des
masses ouvrières et l’exode des
paysans (
Les Campagnes halluci-
nées
). Critique d’art, personnalité
chaleureuse, Verhaeren est l’ami
de nombreux artistes évoqués par
l’exposition : les écrivains, au
premier rang Stefan Zweig, Rainer
Maria Rilke, André Gide, Stéphane
Mallarmé, Paul Verlaine, Romain
Rolland… mais aussi des musi-
ciens comme Florent Schmidt et
le peintre Théo van Rysselberghe,
ami de jeunesse qui portraiture
Verhaeren et son épouse tout au
long de leur vie. En Belgique, le
groupe d’artistes auquel Verhaeren
appartient prend le nom de Cercle
des XX, en 1884, et deviendra
La Libre Esthétique, en 1894.
Rédacteur de la revue
L’Art
moderne
, Émile Verhaeren est alors
le lien essentiel entre les artistes
belges et l’avant-garde parisienne
qu’il invite à exposer à Bruxelles.
En 1900, Verhaeren alors âgé de
45 ans vient habiter avec son
épouse Marthe Massin, artiste
peintre, «
à la campagne à Saint-
Cloud
» où il résidera jusqu’à sa
mort accidentelle en 1916, en gare
de Rouen. Le couple y trouve le
calme propice à la création tout en
bénéficiant de la proximité de la
gare qui permet au poète de s’im-
merger dans Paris. Les Verhaeren
louent rue de Montretout (devenue
rue Émile-Verhaeren) un apparte-
ment modeste à la famille Tribout.
Leur fils Georges, un très jeune
peintre et sculpteur, deviendra l’un
des amis intimes du couple, réali-
sant plusieurs bustes et portraits
du poète dont le très vivant
Portrait
à la redingote rouge
. Le petit bureau
de Verhaeren - son «
antre litté-
raire
» - où les amis se réunissent
régulièrement en un cénacle
animé, sera lui aussi abondam-
ment dessiné et peint.
Héros national
L’exposition a été montée en
étroite collaboration avec les
grandes institutions belges et
françaises. Emmanuelle Le Bail,
directrice du musée, co-commis-
saire avec Nicole Tamburini,
historienne de l’art, a articulé le
parcours autour de quatre thèmes
fédérateurs. Il s’ouvre avec le
portrait en pied de Verhaeren par
Constant Montald, artiste symbo-
liste belge. La première salle
reconstitue l’atmosphère intime
du cabinet de travail de Saint-
Cloud grâce aux objets personnels
du poète, à sa volumineuse corres-
pondance, aux portraits peints par
ses amis (James Ensor, Théo Van
Rysselberghe…), aux bustes de
Boleslas Biegas et aux nombreux
dessins et photographies. En fond
sonore, le public pourra entendre
Le Passeur d’eau
et
Le Vent
, tirés
D.R/C
ollection
particulière
© M
usée
V
erhaeren
, S
int
-A
mands
Émile Verhaeren
passeur néo-impressionniste
À Saint-Cloud, le musée des Avelines
présente une exposition autour
de l’auteur des
Villes tentaculaires
,
soutien inconditionnel des peintres
néo-impressionnistes et symbolistes.
Jusqu’au 6 mars.
Frontispice d’Odilon Redon
Pour
Les Débâcles
d’Emile Verhaeren.