

novembre-décembre 2015 - n°44
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HDS
mag
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L
e mo t d e s s i n a s i
longtemps calqué son
de s t i n sur c e l u i de
dessein que c’en était
devenu évident : comme il n’y a pas
de fumée sans feu, il n’y a pas de
dessin sans œuvre majeure à venir. Et
c’est ainsi qu’il s’est installé comme
un art contingent dont la moindre
valeur – les cotes des œuvres en
témoignent – s’explique parce que
derrière lui, œuvre ni faite mais à
faire, se profile l’autre, la vraie,
la grande. Avec son titre sous forme
d’énigme,
Jusqu’à ce que rien n’arrive
,
l’exposition présentée à la Maison
des Arts de Malakoff prend à rebours
cette mauvaise habitude pour célébrer
un art à part entière qui a mérité
son autonomie.
Le florilège est contemporain et n’oublie
aucune des techniques habituellement
utilisées par le dessinateur – voire
s’aventure un peu au-delà. Ce sont les
pigments déposés comme des plumes
d’oiseau par Gaston Damag pour orner
la figure d’un dieu. C’est l’hommage
au dessin appliqué et soigneux d’Art
& Language, artistes conceptuels qui
y ont pourtant expressément renoncé.
Ce sont les annotations à l’encre de
Julien Prévieux, sorties des marges
du livre, les jeux savants ou bouffons
de Daphné Le Sergent ou d’Ann-Marie
James sur des tirages photographiques.
Jusqu’à l’étonnant schéma du groupe
de post-rock canadien Godspeed You!
Black Emperor, signalant les relations
inavouables entre lesmaisons de disque
et l’industrie de l’armement.
n
maisondesarts.malakoff.fr
Jusqu’à ce que rien n’arrive
: l’exposition à la Maison des Arts de Malakoff a de l’humour,
quelques degrés de décalage, et ne déteste pas réfléchir.
Du 2 décembre au 14 février.
I
l faut sans doute dater de la Première Guerre mondiale les
prémices de la reconnaissance de la femme commemembre
à part entière de la société des hommes. Bien avant le droit
de vote, qui attendra une guerre encore, et vingt ans de plus pour une
existence économique et sociale. À la Maison des Arts d’Antony du
11 novembre au 3 janvier,
À propos de la photo, Guerre 1914-1918
, le
travail des femmes donne proprement à voir le bouleversement que
fut le départ des hommes pour le front et l’accession de leurs épouses
– leurs mères, leurs sœurs – aux affaires. Affaires de guerre : on avait
l’habitude des cantinières et des infirmières, moins des ouvrières de
l’industrie de l’armement. Puis, à mesure que les hommes tombaient
sous la mitraille, aux affaires du quotidien. Peu de métiers leur résis-
tèrent, si ce n’est la soldatesque - mais ce n’était pas un métier. Ah !
Voir madame conduire le tram 14 sur la ligne de la Bastille ! C’est un
peu comme si les femmes la reprenaient, la Bastille, et dès lors plus
rien exactement ne serait pareil...
n
www.ville-antony.fr/maison-des-artsL’invention
du féminisme
pano r ama
Vive
le dessin libre !
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