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n°44 - novembre-décembre 2015
c u l t u r e
3
Q
uand on demande à ses proches le mot qui définirait le
mieux l’univers du designer Abdelkader Abdi, ils
répondent sur tous les tons :
Alger, Alger, Alger...
Abdi est
un arbre aux racines profondes qui se nourrit de
mémoire. Sa ville - où il est né il y a soixante ans - est partout dans
ses créations : les couleurs, les symboles, le goût du soleil et l’éclat
des agrumes. Une forme architecturale dessine la ligne d’un vase,
le croissant de lune orne une pièce de vaisselle, la Méditerranée est
la première des inspirations de cet artiste qui se reconnaît de l’admi-
ration pour
. Mais comme il en professe également pour
Charles Rennie Mackintosh, c’est dire combien les racines ne
suffisent pas et qu’Abdi a le goût de la liberté, des formes comme
des références : Alger n’est pas une cage, l’oiseau s’est depuis
longtemps envolé et on n’est pas près de le classer. Il se murmure
même que dans d’autres vies, il fut lutteur gréco-romain et musicien
de cabaret...
Travaillant pour les marques et les entreprises, collaborant en
permanence avec les architectes, explorant tous les matériaux,
le métal, la céramique, les verres sous toutes leurs formes
dont le Dacryl synthétique, Abdi y sème ses graines de poésie
facétieuse. Les regarder pousser entre art et design est un des
plaisirs de cette exposition.
n
www.maisondesarts-chatillon.frDu soleil
en hiver
L’art à la rencontre du design, avec les lignes et
les couleurs d’Abdi qui présente des pièces de sa
production personnelle.
Du 25 novembre au 18
décembre à la Maison des Arts de Châtillon.
L
e temps passant et les siècles avec, on finirait par oublier que
la ville de Boulogne-Billancourt fut autrefois et naguère encore
capitale de la blanchisserie. Lavage, essorage, séchage,
repassage, c’est au XVIIe siècle que l’activité naît dans ce village aux
champs, idéalement situé en bord de Seine et sur la route des grands
châteaux de l’Ouest parisien puisque pour blanchir, il faut de la belle
eau et du beau linge. Après la Révolution, l’activité se tourne vers une
clientèle bourgeoise ; le XIXe siècle l’industrialisera, au gré des progrès
techniques et de l’expansion de l’agglomération parisienne. Le musée
des Années 30 rassemble jusqu’au 31 décembre objets, manuscrits,
peintures, photographies. Souvenirs de ce qui fut l’essence de l’éco-
nomie de la ville, et d’un urbanisme de la blanchisserie, où les
bâtiments industriels dessinaient un paysage habité par cinq mille
travailleurs. Avant que la blanchisserie industrielle ne disparaisse dans
les années cinquante avec l’apparition de la machine à laver familiale ;
déjà l’automobile avait pris le relais…
n
www.boulognebillancourt.comFers
au feu
A
l’âge que l’on dit numérique, l’image et ses métamorphoses
avancent en parallèle avec les transformations plus ou moins
spectaculaires de l’idée que l’on se fait de l’homme, de son
corps, de son environnement, de sa réalité. À travers des œuvres vidéo
très récentes,
Metamorphosis
, présentée au Cube à Issy-les-Moulineaux,
propose un voyage virtuel au pays du corps et de ses transformations
par l’image numérique. L’ironie de Prévert le poète (
Tant de forêts
) croise
la poésie de Ligeti le compositeur (Sonata) ; marionnettes, effets
spéciaux et mysticisme convergent vers un psychédélisme fantastique
très contemporain (
Solipsist
), la femme universelle suit les modes de
son temps (
Supervénus
), les âges de la vie traversent l’histoire de la
peinture en plus de cent tableaux de maîtres animés (
Beauty
). On n’en
a pas fini avec les métamorphoses de notre regard – d’autant que Le
Cube accueille, également jusqu’au 16 janvier,
Inspirations
, les travaux
des élèves de l’école de l’image des Gobelins.
n
www.lecube.comMétamorphoses
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