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n°44 - novembre-décembre 2015
c u l t u r e
3
du recueil
Les Campagnes halluci-
nées
, déclamés par Verhaeren lui-
même. La salle suivante évoque
l’intense activité du « poète de
la Flandre et du Monde », son
engagement de critique d’art et
de collectionneur au service des
artistes néo-impressionnistes.
En témoignent des tableaux
de grande qualité :
Aux Folies
Bergères
, de Van Dongen, ou
Le
Pré des lavandières, jour de lessive
,
lumineux pastel de George
Morren, ou encore
L’Affiche pour
la Libre Esthétique
par Van Ryssel-
berghe, son
Portrait
d’Alice Sèthe,
etc. Un dessin préparatoire du
tableau
La Lecture
(resté à Gand)
et une photographie d’époque
reprise au crayon couleur par
Théo représentent le cercle des
proches de Saint-Cloud entou-
rant Verhaeren. Des dessins de
Mineurs
et un
Buste de débar-
deur
, par Meunier, et une toile
de Luce,
Terril de Charbonnage
,
complètent cet ensemble. Une
petite salle retrace la période de
la Première Guerre mondiale.
Le choc que provoqua l’enva-
hissement de la Belgique - pays
neutre - transforma Verhaeren
en poète patriote, porte-éten-
dard de la lutte contre l’Alle-
magne. Au contact des atrocités,
il abandonne ses utopies euro-
péennes et écrit
Les Ailes rouges
de la guerre
et
Le Crime allemand
…
Deux tableaux de son ami Henri
le Sidaner les accompagnent. Les
funérailles de Verhaeren, traité
en héros national, sont aussi
évoquées. Enterré à Dunkerque,
ses cendres furent transpor-
tées en 1927 à Saint-Amand, sa
ville natale. Il repose au bord de
l’Escaut dont il fut le chantre. La
fin du parcours est consacrée aux
liens avec les artistes symbolistes.
«
Verhaeren
, explique Emmanuelle
Le Bail,
voit dans les artistes symbo-
listes, belges et français, l’expression
d’une intériorité en quête d’étrangeté
et d’idéal.
» Critique au
Mercure
de France
, Verhaeren consacre
à Ensor et à Khnopff des mono-
graphies, fait exposer et collec-
tionne Redon, Ensor, Le Sidaner,
Montald, Carrière et bien d’autres.
La poésie de Verhaeren est proche
du symbolisme d’Odilon Redon
qui illustre les frontispices de
la
Trilogie noire
(
Les Soirs, Les
Débâcles, les Flambeaux noirs
).
Verhaeren écrira également
quatre pièces de théâtre dont
Hélène de Sparte
, jouée au Théâtre
du Châtelet en 1912. Pour clore
l’exposition, une capture d’écran
réalisée au Théâtre de l’Ancre, à
Charleroi, présente
Les Villes tenta-
culaires
dont elle révèle l’étonnante
modernité. Malgré l’admiration de
Cocteau et Aragon pour la poésie
de Verhaeren, l’écrivain est peu
à peu tombé dans l’oubli. En
mettant ses recueils de poèmes
au souffle épique en lien avec sa
vision de l’homme «
placé au cœur
des tourments de l’Histoire
», l’expo-
sition fait revivre sa mémoire et
son œuvre en rappelant l’actualité
de sa pensée.
n
Alix Saint-Martin
Émile Verhaeren (1855-1916). Poète
et Passeur d’Art.
Jusqu’au 6 mars.
Entrée libre.
www.musee-saintcloud.fr
Au temps d’harmonie
(esquisse)
Paul Signac (1863-1935)
Huile sur toile, 1893
© M
usée
V
erhaeren
, S
int
-A
mands