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n°45 - janvier-février 2016
janvier-février 2016 - n°45
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éd i t i on
Le conflit débute en Amé-
rique du Nord. Comment
va-t-il devenir «
la première
guerre mondiale de l’his-
toire
», comme l’a décrit
Churchill ?
Il va s’opérer un renversement
des alliances. Quand l’Angleterre
échoue en Amérique du Nord,
le roi Georges II a une priorité :
protéger l’Allemagne, dont il est
originaire. Le cabinet britannique
va entrer en négociations avec
la Prusse pour qu’elle n’inter-
vienne pas aux côtés de la France.
Frédéric II se laisse tenter par
cette offre et les deux pays signent
la convention de Westminster.
Parallèlement, d’autres négocia-
tions commencent entre la France
et l’Autriche. En apprenant cette
alliance, Frédéric II fait une
opération de guerre préventive
et envahit la Saxe et la Bohême.
La France se retrouve à intervenir
en Allemagne malgré elle. Pour
les Indes orientales, le conflit
était déjà latent. Dans les années
1740, la France avait, grâce à des
alliances avec des princes locaux,
réussi à prendre le contrôle de
certains territoires. Les Anglais
s e son t i nqu i é t é s de c e t t e
progression et le conflit a éclaté.
Enfin aux Antilles, l’Angleterre
s’est emparée de la Guadeloupe
et de la Martinique pour faire
pression sur la France et être en
position de force lors des négocia-
tions de paix.
On peut diviser la guerre en
deux phases : un « moment
français » de 1756 à 1758,
avant la victoire de l’Angle-
terre en 1763. Quel a été
le tournant ?
Fin 1757 à Londres, le ministre
chargé de la guerre est WilliamPitt,
qui veut concentrer les efforts du
cabinet anglais dans cette région et
en finir avec la menace française.
L’Angleterre évite d’intervenir en
Allemagne tandis que la France
y mobilise 100 000 hommes et
beaucoup d’énergie. Tous ces
efforts vont commencer à porter
leurs fruits avec les premières
victoires en 1758. Dans le même
temps, l’Angleterre lance une
grande campagne de séduction
des tribus indiennes, alliées à la
France. Les premières défections
interviennent en 1758 et vont avoir
un effet boule de neige.
À la sortie du conflit, comment
les rapports de force euro-
péens et mondiaux ont-ils été
réorganisés ?
Le bilan est dur pour la France qui
perd le Canada et n’a plus que cinq
comptoirs aux Indes. Elle perd
aussi la Louisiane mais récupère
la Guadeloupe et la Martinique.
Cette guerre a complètement redis-
tribué les cartes. L’Angleterre en sort
surpuissante tandis que la France
a perdu son aura. La nouveauté
se situe en Europe centrale et
orientale avec trois nouvelles
grandes puissances : la Prusse,
l’Autriche et la Russie. Ce rapport de
force, cette pentarchie, va perdurer
jusqu’en 1914.
Pourquoi ce conflit reste-t-il
encore méconnu de nos jours ?
Il y a deux raisons majeures.
La première, c’est que c’est un
grande partie du XX
e
siècle, l’his-
toire politique et militaire n’était
plus une priorité de la recherche
historique…
n
Propos recueillis
par Mélanie Le Beller
La Guerre de Sept Ans
, 1756-1763.
Éditions Perrin, 700 p.
La guerre de Sept Ans
a redistribué les cartes
Un territoire, trois expos
En 2016, la ville d’Issy-les-Moulineaux, la ville de Meudon et
le Département des Hauts-de-Seine mettent en résonance
trois expositions autour d’un patrimoine partagé : les
paysages des bords de Seine et des environs de la capitale.
Le thème de «
la Belle Boucle
» de la Seine se poursuit à
Meudon à partir du 8 avril, décliné cette fois du «
néo-classi-
cisme au romantisme
». À Sceaux, le musée du Domaine
départemental présentera à partir du 18 mars «
Les environs
de Paris, du romantisme à l’impressionnisme
» en compagnie
des peintres et photographes qui ont sublimé Barbizon,
Auvers-sur-Oise, les bords de Marne…
n
Le prix Chateaubriand sera remis
à l’Institut de France
Le prix Chateaubriand sera remis le 11 février prochain à
Edmond Dziembowski à l’Institut de France, quai de Conti
à Paris. Créé en 1987 par le conseil départemental, proprié-
taire de la maison de Chateaubriand à Châtenay-Malabry,
ce prix récompense une œuvre de recherche historique
ou d’histoire littéraire en lien avec les centres d’intérêt de
l’écrivain romantique. La cérémonie de remise des prix sera
suivie par une conférence du lauréat. Entrée libre.
Réservation obligatoire au 01 55 52 13 00.
n
convertit Monet et Pissarro. De ce
véritable choc que fut la décou-
verte par les Français de l’œuvre
de Turner naît l’impressionnisme !
Ce seront donc Claude Monet et
ses amis qui, l’espace d’une décen-
nie, propulseront le paysage aux
cimaises et donneront à ces rives
de la Seine leurs lettres de noblesse.
L’exposition d’Issy présente entre
autres un Sisley de tout premier
ordre,
La Seine à Suresnes
, ou
encore
Les Écluses à Suresnes
,
de Signac. On remarquera des
tableaux de Harpignies,
Les Bords
de la Seine à Suresnes
, et Jongkind,
La Seine à Meudon
… Par ailleurs,
de nombreuses huiles, gravures et
dessins aquarellés de petits maîtres,
représentant les mêmes paysages,
les mêmes vues générales et scènes
bucoliques, surprennent, tant le trai-
la campagne romaine. Le sentiment
de la nature est encore au cœur de
la peinture de paysage. L’un de ses
chantres, le peintre et graveur Paul
Huet, puise dans la nature indomp-
tée de l’île Seguin pour offrir des
visions de paradis naturel. Ce sont
ensuite Tauzin et Schuffenecker
qui reprennent le motif du
Bateau-
lavoir
(au Bas-Meudon) évoquant
une nature intacte, des berges
paisibles et accueillantes. Un climat
serein règne autour du fleuve dont
l’écho sensible se retrouve dans les
visions de Charles-François Daubi-
gny, deMaximilien Luce, de Prosper
Galerne et d’Albert Lebourg… tous
présentés à l’exposition.
Le tournant à la fois romantique et
abstrait, amorcé en Angleterre par
WilliamTurner lorsqu’il décompose
la vision du paysage dans la lumière,
privilégiant les sensations visuelles,
leur langage pictural a ouvert
d’autres champs d’expérience.
Emboîtant le pas à Félix Ziem,
La
Seine à Boulogne
, les jeunes artistes
s’attachent à retranscrire la fluidité
du sujet et livrent l’espace fluvial aux
variations de couleur. Albert Gleizes
évoquera par une touche vigoureuse
et colorée la Seine et ses abords
comme dans
L’Écluse de Suresnes
.
Les Fauves, Camoin, Marquet,
Vlaminck, lâcheront leurs couleurs
pures sur le fleuve pour l’enflam-
mer et transcender le paysage. En
1930, Frank Will transformera
Les
Usines d’Issy-les-Moulineaux
en feu
d’artifice. Entre temps, les rives de la
« Belle Boucle » se seront industria-
lisées. Désormais dans les tableaux,
les cheminées des usines fument,
les trains traversent la toile, le fleuve
est enjambé par les ouvrages métal-
liques de la modernité en marche...
Après avoir parlé du paysage en
termes impressionnistes, fauvistes,
futuristes, cubistes, le langage
pictural s’essaie à l’abstraction.
Au XX
e
siècle, un autre rapport à
l’espace-temps s’établit et le paysage
disparaît en tant que représentation
de la nature…
n
Alix Saint-Martin
Paysage :
La « Belle Boucle » de la Seine.
Des impressionnistes aux Années 1930.
Jusqu’au 20mars.
www.issy.comc u l t u r e
3
Maximilien Luce,
La Seine au pont d’Issy
. 1920.
© C
ollection musée
F
rançais
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la
C
arte
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J
ouer
, I
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F. D
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.
© CD92/W
illy
L
abre
Edmond Dziembowski a reçu le prix Chateaubriand 2015 pour son ouvrage consacré à la guerre de Sept Ans.
Le premier conflit mondial de l’histoire.
épisode qui n’est pas très glorieux
pour la France avec une guerre
qui s’est soldée par des défaites
en cascade, la perte des premiers
empires coloniaux et une paix
humiliante. La deuxième, c’est
l’évolution de l’historiographie
et de la recherche : pendant une
tement diffère d’un peintre à l’autre,
apportant une sensation de diversité.
Esthétique nouvelle
Mais la fin duXIX
e
siècle, les impres-
sionnistes ne font plus scandale. Ils
intègrent même l’art officiel. En