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mai-juin 2016 - n°47

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n°47 - mai-juin 2016

Cécile Spire, altiste de formation.

À peine six mois que les jeunes

ont commencé à suivre les cours

mais déjà, Nazhia Merini, leur

référent sur le terrain, constate

les premiers effets. «

Certains

élèves étaient un peu difficiles mais

ils ont tous énormément changé. Ils

sont assidus aux cours et surtout, ils

sont fiers de jouer !

» C’est le cas

d’Angel, neuf ans, qui a choisi le

violon. «

J’aime bien cet instrument

même s’il est difficile. Il faut se

concentrer pour donner les bonnes

notes et bien placer ses mains.

»

Au même moment, à l’autre bout

du département, à Châtenay-

Malabry, treize autres enfants

répètent le même morceau.

Cette fois-ci, c’est au son des

trompettes, trombones et autres

tubas que Lully reprend vie. Aux

commandes de ce cours, Tom

Caudelle et Caroline Pivert,

respectivement professeurs de

à chaque fin de saison,

les élèves se produisent sur la

prestigieuse scène parisienne

de La Villette

Philharmonie

un acronyme pour Dispositif

d’Éducation Musicale

et Orchestrale

à vocation Sociale

Démos

les communes qui

proposent désormais

des cours dans

le département

8

le Département soutient le projet

Démos à hauteur de 100 000 euros

par an et la signature d’une

convention triennale

100 000

Sur des instruments à

bois, à vent ou des cuivres,

les apprentis musiciens

s’exercent à raison de deux

cours par semaine et de stages

pendant les vacances.

tuba et de trompette. Les jeunes

ont commencé à apprendre le

morceau en janvier, après des

exercices de chant et de danse.

«

C’est un morceau qui a été réécrit

pour eux, pour qu’ils puissent tous

jouer

, explique Tom Caudelle.

Il a une forme assez simple avec

un refrain et des couplets.

» Sur

sa chaise, Keanan, onze ans,

répète inlassablement ses notes

à la trompette. «

J’ai choisi cet

instrument parce qu'il a un son grave

et que je peux dépenser mon souffle

avec. J’avais déjà joué un peu de

piano et de flûte avant et écouté un

peu de musique classique. J’aimerais

bien faire du solfège.

»

Un dispositif social

Si Châtenay-Malabry propose des

cours depuis quatre ans, Ville-

neuve-la-Garenne est la dernière

des huit communes du dépar-

tement à être entrée dans Démos

(un acronyme pour Dispositif

d’Éducation Musicale et Orches-

trale à vocation Sociale). Le dispo-

sitif existe depuis 2010 mais a été

lancé en 2012 dans les Hauts-de-

Seine. Il concerne aujourd’hui

une centaine d’enfants âgés de

sept à quatorze ans éloignés du

monde de la musique classique,

habitant dans des zones urbaines

concernées par la politique de

la ville. «

Démos n’est jamais créé

de la même manière et c’est cela

qui est intéressant

, insiste Gilles

Delebarre, directeur adjoint

du département Éducation à la

Philharmonie et délégué au

projet Démos.

L’objectif est qu’il

y ait systématiquement une coopé-

ration entre différents partenaires

culturels et sociaux au montage du

projet. 

» À Villeneuve-la Garenne,

les enfants ont intégré Démos

via des associations et différentes

structures municipales comme

les centres sociaux. « 

Chacun de

ces partenaires nous ont orientés

vers des enfants,

explique Camille

Clerchon, directrice adjointe du

service des espaces socio-culturels

de Villeneuve-la-Garenne.

Cela

se passe idéalement bien : on sent

que les enfants sont convaincus par

la qualité du projet. Ils sont sérieux

et concentrés.

»

En plus de la pratique hebdoma-

daire - deux cours d’une heure

et demie hors temps scolaire -

les élèves font des stages pendant

les vacances, rencontrent des

musiciens professionnels, vont

à des concerts et se regroupent

tous les mois entre eux afin de

jouer ensemble dans l’orchestre

des Hauts-de-Seine. Ce sont eux

qui ont la responsabilité de leur

instrument, qui leur est confié

pour toute la durée de l’expé-

rience. Pour ce projet, soutenu

à hauteur de cent mille euros

par le conseil départemental via

une convention triennale courant

jusqu’en 2018, l’implication des

parents est également primordiale.

À Châtenay-Malabry, Rosolande

suit les progrès de Keanan. « 

Il s’est

beaucoup attaché à sa trompette et

il apprend très vite. Je pense qu’il a

l’oreille musicale. Pour moi, Démos,

c’est une chance pour étudier des

choses que je n’aurais pas pu lui

donner. Je n’ai pas grandi dans un

milieu musical, donc c’est bien qu’il

ait la possibilité d’évoluer dans un

autre contexte. J’essaie aussi de parti-

ciper, de partager des choses avec

lui, notamment lors des ateliers de

chant. C’est bien pour lui de se sentir

soutenu.

»

Grand concert

à la Philharmonie

Clou de l’année d’apprentissage,

le grand concert Démos qui se

déroulera cette année les 25 et 26

juin à la Philharmonie de Paris.

L’orchestre des Hauts-de-Seine y

jouera sous la direction du chef

Julien Leroy. De quoi donner

un peu le trac à certains jeunes

musiciens. «

Quand on joue entre

nous ça se passe bien mais quand

on est devant un public, on a peur

de faire un faux pas. Mais mon père

me conseille surtout de ne pas jouer

plus vite que la musique

», explique

Ibrahima, altiste de douze ans.

La première phase, qui s’est

achevée l’année dernière dans

les Hauts-de-Seine, a déjà suscité

des vocations. «

La moitié des

enfants décident d’entrer en conser-

vatoire à un niveau intermédiaire

,

explique Laurent Bayle, le directeur

de la Philharmonie.

Nous avons

aussi gardé une relation avec

quelques enfants puisque l’on a créé

un orchestre avancé. Mais c’est avant

tout l’intégration et l’épanouissement

de l’enfant qui est recherché

».

n

Mélanie Le Beller

Photos : Olivier Ravoire