janvier-février 2017 - n°51
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HDS
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Certains pensent
que le médecin sera
remplacé par des robots.
J’ai l’impression qu’il va
plutôt se transformer
en chercheur.
ce qui peut aussi avoir un impact positif sur le contrôle des coûts liés
au vieillissement de la population.
HDS
Tout l’enjeu de vos recherches est d’associer des jeux
de données à des connaissances médicales, ce que l’on
appelle les ontologies. Quels obstacles rencontrez-vous ?
MCJ
Pendant longtemps, la médecine était une médecine de spécialité.
Le généraliste avait du mal à trouver sa place et devenait le guichet
qui orientait vers les différentes spécialités qui ne se parlaient pas entre
elles. Aujourd’hui, on essaie de faire interopérer les données et on
s’aperçoit que c’est un chantier énorme. Dans le cas d’une maladie
rare, il y a par définition peu de patients atteints de cette maladie.
Avec les progrès de la génétique, on se dit que l’on va pouvoir étudier
ces maladies de manière plus fine. Mais pour cela, il faudrait monter
des cohortes, c’est-à-dire avoir beaucoup de patients et donc savoir
où ils se trouvent et intégrer toutes les données de ces patients au
même endroit pour les faire parler ensemble. Or, on peut avoir cinq
cas en France, six en Angleterre, huit en Italie et ne pas avoir accès
au système informatique qui contiennent ces données car elles sont
stockées dans des formats, des vocabulaires et des langues différents.
Il faut développer de nouveaux outils, des algorithmes, des méthodes
pour leur donner du sens.
HDS
Comment ces recherches se traduisent-elles concrètement ?
MCJ
Une initiative a été lancée il y a plusieurs années : le DMP (Dossier
médical personnel), un espace personnel appartenant au patient dans
lequel on trouve des données de l’hôpital et du médecin qui seront
partageables. Des expérimentations ont eu lieu pour échanger de l’infor-
mation transfrontalière, notamment pour les étudiants qui partaient
à l’étranger. Une autre initiative a été menée au niveau international
pour uniformiser la façon dont on décrit la donnée de santé en France
et en Europe de sorte à pouvoir développer des territoires de santé
numérique qui ont une certaine cohérence.
HDS
Comment concilier cette masse croissante de données
avec les notions de confidentialité et de secret médical ?
MCJ
On peut les concilier avec le secret médical car il y a des régle-
mentations très fortes, des données anonymisées, des accès privilégiés
à ces données. Mais c’est vrai qu’on ne peut pas être sûr à 100 % de
la confidentialité. Quand on regarde un compte-rendu médical, si
on enlève le nom, prénom et l’adresse, on a l’impression que c’est
anonyme. Mais si la personne a une maladie rare, il suffit seulement
de quelques autres attributs pour l’identifier.
HDS
Aurons-nous encore besoin de médecins dans le futur ?
MCJ
Certains pensent que le médecin sera remplacé par des robots.
Moi j’ai l’impression qu’il va plutôt se transformer en chercheur
car il aura à sa disposition des données qu’il ne sait pas interpréter
aujourd’hui. Il va devenir aussi plus humain et se rapprocher de son
patient. Il y a encore beaucoup de choses à faire avant cela pour être
dans un monde de santé numérique. Nous aurons la sensation d’avoir
progressé dans nos technologies le jour où l’on n’aura plus besoin
d’arriver dans une pharmacie avec son ordonnance et où il suffira
de donner sa carte vitale pour pouvoir récupérer ses médicaments.
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Propos recueillis par Mélanie Le Beller
Photos : Jean-Luc Dolmaire
La 21
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édition de La Science se Livre
Du 14 janvier au 4 février, La Science se Livre s’intéresse
au thème de la santé. Pendant trois semaines, plus
d’une centaine de rendez-vous sont proposés : confé-
rences, ateliers, projections, débats, expositions... Pour
la première fois, la manifestation associera également
quelques acteurs des Yvelines. Cette année, deux temps
forts seront organisés avec les deux auteurs lauréats
des Prix La Science se Livre : le lauréat dans la catégorie
« Adultes » à la médiathèque de la Marine à Colombes
le 14 janvier et celui de la catégorie « Adolescents »
au Temps des Cerises à Issy-les-Moulineaux le 26.
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