HDS. mag n°35 - page 37

mai-juin 2014 - n°35
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
s o c i é t é
I
l est 8 h 30 à Rueil-
Ma lma i son . Un
pe t i t g r oupe s e
retrouve devant un
café. Ici, on parle de la vie des
quartiers et des riverains.
L’ambiance est détendue, tous se
connaissent, certains se tutoient.
Ce groupe, c’est celui des « voisi-
neurs ». Depuis trois ans, ils
sillonnent la ville, à la rencontre
de personnes âgées isolées, celles
q u i d e v i e n d r o n t l e u r s
« voisinées ». Un simple coup de
relation spontanée avec eux. 
»
Ludivine, elle, accompagne
Angèle depuis quelques mois. « 
Je
fais surtout de petites visites. Pour
elle, parler simplement un quart
d’heure, cela lui suffit. Je lui rends
aussi des services, je passe après le
travail. En ce moment, je voisine
aussi une autre dame, qui, elle,
recherche plus à se promener.
 » Et
petit à petit, l’échange et l’amitié
se créent. «
Quand je ne vais pas
la voir pendant un moment, c’est
elle qui me rappelle pour savoir
pourquoi je ne passe pas !
 »
Sur le web
Voisin-âge est aussi très présent
sur internet, via son site, qui est
devenu un réseau social à lui
tout seul. Après son inscription,
chaque personne a accès sur
le site à sa fiche personnelle.
Lorsqu’ un voisin entre en contact
et prend en charge une personne
âgée, elle a automatiquement
accès au profil de cette dernière
sur le site. Ensuite, un peu à la
manière de Facebook, elle peut
interagir avec tous ses contacts,
noter ses visites ou ses petites
attentions (coup de fil passé, lettre
envoyée…). Comme une personne
âgée possède parfois plusieurs
visiteurs, ceux-ci peuvent se
mettre d’accord et décider
ensemble, en ligne, du planning
des visites. Pour permettre
plus de réactivité, la nouvelle
version du site, mise en service
au mois de mars, permet aussi
de recevoir des alertes par mail
ou SMS, à chaque nouvelle
actualité concernant ses proches.
«
On a de plus en plus de voisinés
qui deviennent voisineurs. Les
personnes âgées informatisées
ont envie de rencontrer d’autres
personnes. À la fin, il n’y a plus de
frontières
 », souligne Agnieszka
Browarska.
n
Mélanie Le Beller
Plus de renseignements
sur
de temps, d’autres exercent un
métier en lien avec l’aide à la
personne. La plupart le font en
plus de leurs horaires de travail.
« 
Je faisais pas mal de bénévolat
avec les enfants mais pas avec les
personnes âgées. J’ai donc découvert
cette tranche d’âge. Cela nous ouvre
les yeux, nous permet de constater
que beaucoup de personnes sont
seules, malades et ont besoin de
contacts et de vie sociale
», explique
Stéphanie. Pour les personnes
âgées, il n’y a pas de conditions
particulières exigées. « 
Beaucoup
d’entre elles se sont inscrites car
elles n’avaient justement pas besoin
d’avouer publiquement qu’elles
étaient isolées
», précise Agnieszka
Browarska, de l’association des
petits frères des Pauvres, qui a
suivi le projet à Paris.
Les voisineurs peuvent se rendre
utiles de manières très diffé-
rentes. « 
Nous insistons sur la
réciprocité de ces services, sur le fait
d’en donner et d’en recevoir. On peut
par exemple confier son chat à la
personne âgée quand on s’absente
»,
explique Agnieszka Browarska.
Arroser les plantes, surveiller
l’appartement lorsque l’on part
en vacances : les personnes âgées
rendent en retour de précieux
services à leurs voisineurs. C’est
le cas pour ce couple et ses deux
enfants. Deux fois par semaine,
c’est Renée, leur voisine, qui va
chercher les enfants à l’école.
Mais peu importe : pour la plupart
de ces bénévoles, le bénéfice est
ailleurs. « 
Elle se confie beaucoup.
Je suis aussi là pour l’écouter quand
elle me raconte ses soucis
», explique
Stéphanie. «
Ma voisine Jacqueline
est contente quand je viens. Il y a un
échange spontané, cela lui fait du
bien 
», poursuit Isabelle.
Pour Fabienne, membre de
Voisin-âge depuis deux ans,
c’est la simplicité de l’idée qui
l’a séduite. « 
Aller à la rencontre
des gens de son quartier, avoir un
échange spontané et créer une
fil, une petite carte postale
envoy ée depu i s l e l i eu de
vacances, un temps de jeu ou une
promenade, toutes les attentions
sont importantes. « 
Comme on
peut être plusieurs voisineurs pour
une seule personne âgée, cela m’a
permis de mettre un nom sur un
visage. C’est assez dynamisant d’être
en groupe 
», constate Stéphanie,
voisineuse depuis deux ans, qui
participe à la réunion.
Ils sont désormais une vingtaine
de « voisineurs » à arpenter les
différents quartiers de Rueil-
Malmaison. À ce jour, une
douzaine de personnes âgées
sont concernées dans la ville.
Avec environ trois mille retraités
recensés, ce n’est que l’arbre qui
cache la forêt. Car pour Amélie
Legrelle, qui coordonne les
actions locales rueilloises, la diffi-
culté est d’entrer en contact avec
ces personnes.
Réciprocité des services
«
 Si on vient sous le nom d’une
association ou de la mairie,
cela leur donne plus confiance.
Il faut accepter que ça prenne
du temps de se faire connaître. 
»
Un constat partagé par Isabelle,
voisineuse depuis peu. « 
J’ai fait
quelques recherches dans le quartier
où j’habite mais ce n’est pas évident
de savoir si des personnes âgées
ont besoin de nous ou pas.
 » C’est
à Rueil-Malmaison que Voisin-
âge est le plus développé. À
Nanterre et Sceaux, les deux
autres communes du dépar-
tement à avoir adopté Voisin-
âge, le dispositif n’en est qu’à
ses débuts. La première ville l’a
testé à l’échelle d’un quartier et la
seconde ne l’a mis en place qu’en
juin dernier. Trop peu pour avoir,
pour le moment, des résultats
significatifs, selon l’association
des petits frères des Pauvres, à
l’origine de cette démarche.
Parmi les voisineurs, beaucoup
de femmes. Certains disposent
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