HDSmag 37 - page 32


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n°37 - septembre-octobre 2014
HDS
Y a-t-il des similitudes
dans la transformation de
la ville lors de la révolution
industrielle et aujourd’hui
a v e c l ’ a v è n e m e n t d u
numérique ?
AP
Ce que ces deux périodes ont
en commun, ce sont des change-
ments techniques et sociaux très
rapides qui ont une influence
sur l’espace. Ce sont des phases
pendant lesquelles se pose la
question de l’armature technique
et de la gouvernance des villes. La
première période voit la naissance
d’un certain nombre d’évi-
dences de l’ère industrielle. C’est
notamment là que vont se mettre
en place une pensée des réseaux,
des flux et une série de choses qui
vont marquer la modernité urbaine
d’un point de vue technique.
Aujourd’hui, il s’agit de repenser
les réseaux avec l’apport des
nouvelles technologies.
HDS
Quand et comment le
concept de
smart cities
est-il
apparu ?
AP
Il est apparu autour des
années 2000. Les technologies
de l’information et de la commu-
nication sont devenues beaucoup
plus fluides et présentes dans
l’environnement quotidien.
Le numérique est partout :
dans votre poche avec votre
téléphone, sur votre tablette,
votre téléviseur... Aujourd’hui,
la ville est intelligente car on
sait localiser précisément dans
l’espace des choses que l’on ne
savait pas géolocaliser avant.
L’autre aspect, c’est celui de la
réalité augmentée, c’est-à-dire
la capacité d’associer de plus en
plus étroitement des contenus
physiques et électroniques.
Par exemple, quand vous vous
promenez en regardant l’écran de
votre téléphone dans la rue, vous
êtes dans la réalité augmentée.
HDS
Qu e don n e r a i t l e
concept de
smart city
poussé
à l’extrême ?
AP
Il y a plusieurs utopies qui
s’enchevêtrent. Il y a celle de la
ville dite « néocybernétique » que
l’on piloterait comme un avion et
une autre utopie, plus libertaire,
où chaque habitant disposerait
d’instruments de navigation
numérique. Ce serait un modèle
plus « wikipédien » dans lequel
la ville serait produite par des
interactions, des mouvements
citoyens. Il faut probablement
imaginer dans l’avenir un peu
des deux…
HDS
Les projections que
vous détaillez peuvent-elles
vraiment se réaliser ?
AP
Par définition, une utopie
échoue toujours. On ne la réalise
jamais parfaitement, ne serait-ce
que parce que l’histoire finit
toujours par la rattraper. Mais
elle laisse des traces, modifie des
choses. Je ne crois absolument
pas à l’idée de piloter une ville
comme un avion de chasse
car la ville est aussi une entité
politique. Je crois aussi que le
Professeur aux Ponts et Chaussées et à Harvard,
Antoine Picon est un spécialiste des villes intelligentes
de l’ère numérique
. Une utopie en marche.
Je ne crois absolument pas
à l’idée de piloter une ville
comme un avion de chasse
les solidarités urbaines
Les smart cities
permettent de repenser
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