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mars-avril 2016 - n°46

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HDS

mag

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

do s s i e r

Aux États-Unis, il y

a des compagnies

professionnelles qui

regroupent des danseurs

valides et handicapés.

Ils sont tous rémunérés,

suivent des formations…

aujourd’hui. Son diplôme en poche, Magali revient vivre à Paris.

Sa deuxième vie commence. «

J’ai été projetée dans le monde réel,

dans la vie tout simplement. Psychologiquement, ça a encore une fois

été très dur. Mais j’ai un caractère de battante qui m’a toujours permis

de surmonter les obstacles, de franchir des étapes.

» La bachelière

s’inscrit à la Sorbonne Nouvelle en arts du spectacle. Elle est

encore «

très émue

» quand elle repense à «

ces études de rêve, ces

cinq années de bonheur

» durant lesquelles elle s’est « 

révélée 

».

La danse l’a emporté sur le théâtre et la question de «

la diffé-

rence, qu’elle soit ethnique, sexuelle, physique

» s’est retrouvée au

centre de son travail. Après ses études, Magali a été rapidement

engagée sur différents projets artistiques. Encore «

une chance

»,

selon elle. Rien que l’an dernier, elle a été à l’affiche d’

Indésirables

de Philippe Barrassat avec Jérémie Elkaïm, un film traitant du

métier d’assistant sexuel. Elle est montée sur la scène du théâtre

de Nanterre-Amandiers dans

Gala

de Jérôme Bel, une ode à la

danse et à la différence. Elle s’est aussi produite à l’Opéra Bastille

pour

Moïse et Aaron

, l’opéra de Schönberg mis en scène par

Romeo Castellucci.

Agir sur le monde

Mais c’est à l’étranger que Magali Saby travaille principa-

lement. «

Aux États-Unis, il y a des compagnies professionnelles qui

regroupent des danseurs valides et handicapés. Ils sont tous rémunérés,

suivent des formations… Cela n’existe pas en France

», déplore-t-elle.

Elle a, un temps, pensé monter son propre projet. «

Mais je n’ai

pas encore les épaules assez solides

», avoue-t-elle. D’autant qu’au-

delà de ses activités professionnelles, Magali a encore des défis

à relever dans sa vie quotidienne. Elle voudrait avoir son propre

appartement à Paris, «

un endroit confortable et ergonomique

».

Après trois ans de recherches, elle se dit «

découragée

» mais

compte, encore une fois, sur sa «

force de caractère

». «

À Cologne,

où je travaille souvent, je n’ai aucun problème pour me loger ou me

déplacer. Quand une personne en situation de handicap peut sortir,

aller boire un verre, faire ses courses, elle est tout de suite intégrée.

À Paris, c’est un parcours du combattant.

» C’est aussi pour cela

qu’elle monte sur scène. «

J’ai envie de montrer une autre image

de la personne en situation de handicap. Je fais de l’art pour inter-

peller le spectateur. C’est mon moyen d’action, ma manière d’agir sur

le monde.

»

n

Émilie Vast