

l’étonnant Village japonais, dont
la porte et le portique seront aussi
rénovés. «
En France, nous n’avons
pas l’occasion de voir des maisons
comme celles-ci. Au Japon, elles sont
très mises en valeur
», poursuit
Agnès Latour, l’une des architectes
du projet. Ces petits pavillons
datent de l’époque Meiji, entre
1868 et 1912. Ils ont été importés
à Boulogne par le banquier
mécène Albert Kahn, passionné
par la culture nippone. À l’origine
couverts de chaume - comme le
voulait la tradition au XIX
e
siècle
- ils ont été montés dans leur
pays d’origine, démontés pour le
transport puis remontés dans le
jardin par un charpentier et un
maçon japonais.
Initiales AK
À l’initiative du Département,
propriétaire du musée Albert-
Kahn et de ses jardins, des équipes
japonaises ont été dépêchées afin
de restaurer la maison dans la
plus stricte tradition nippone. Au
mois de septembre, des ouvriers
sont venus d’abord démonter une
par une les pièces qui composent
les édifices. Ceux-ci ont été
construits selon le principe très
japonais du « poteau-poutre »,
c’est-à-dire un assemblage sans
clou ni vis. Les centaines de
pièces (portes, façades, piliers…)
ont été classées et examinées afin
de repérer les parties abîmées.
«
C’est la technique japonaise :
on ne change que le minimum
»,
explique Jean-Sébastien Cluzel.
Cette partie des travaux a été
l’occasion de découvertes surpre-
nantes. «
Nous avons appris par
exemple que la construction s’est faite
en un bloc, spécialement pour Albert
Kahn.
» Sur certaines pièces, les
initiales du banquier sont en effet
inscrites. Sur d’autres morceaux
de bois, on a même pu identifier le
nom du charpentier, des fournis-
seurs, la taille des planches et
même… celui de la montagne où a
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maga z i ne
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HDS
mag
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n°46 - mars-avril 2016
Une fois les travaux terminés,
les toits des maisons japonaises
seront en chaume, comme au
moment de leur construction.
été scié le bois. Certaines essences
ont d’ailleurs plus de deux cents
ans. Enfin, à partir des inscrip-
tions sur les planches de bois,
les chercheurs ont constaté que
celles-ci avaient accosté au port du
Havre. Toutes ces découvertes ont
permis de commander les pièces à
l’identique. Celles-ci sont arrivées
au mois de janvier par bateau…
exactement comme lors de leur
construction il y a un peu plus
de cent ans.
Patrimoine unique
Parallèlement à ces techniques
traditionnelles, certains procédés
plus modernes ont été intégrés.
Les fondations, la partie la
plus abîmée des maisons, sont
remplacées par un sommier
en béton dans lequel viennent
CD92/WILLY LABRE
CD92/WILLY LABRE
Certaines planches des maisons
comportent des inscriptions
japonaises, précieux témoins
de l’origine du bois.