mai-juin 2016 - n°47
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n°47 - mai-juin 2016
c u l t u r e
3
pano r ama
P
arce que, décidément, c’est dans la « cage aux fauves »
du tout début du XX
e
siècle qu’il rugissait avec le plus
de force, on pourrait croire qu’André Derain tenait tout
entier dans «
l’orgie de tons purs
». Les connaisseurs en
savaient plus long, la nuance pointilliste, le flirt cubiste, puis les gris
et les ocres d’un nomade de la peinture, prompt à endosser un style,
prêt aussitôt à le rejeter. En revanche, moins nombreux ceux qui
associent Derain aux Ballets russes de Diaghilev.
Le mérite revient au Musée français de la Carte à jouer de lever
un coin du rideau de scène sur ce Derain méconnu. Au cœur de
l’exposition, quatre costumes inspirés à l’artiste par des jeux de
cartes du XIX
e
siècle : deux rois et deux reines enrôlés dans le ballet
La Boutique fantasque
, chorégraphié en 1919 par Léonide Massine
sur des musiques de Rossini revues par Respighi. Une importante
quantité de dessins, photographies, programmes, partitions et bien
évidemment cartes à jouer entourent les quatre costumes impecca-
blement restaurés. Le trait est vif et précis, chaque corps de métier
y trouve sa ressource. Et le peintre, en costumier, mettait paraît-il la
main à la pâte. C’est toute une époque qui s’anime et un autre André
Derain qui se révèle, collaborant jusqu’en 1953 à une quinzaine
de ballets, d’opéras et de pièces de théâtre.
n
www.issy.com/museeA
vec en sous-titre
Trésors
de la céramique
, l’expo-
sition et ses rencontres
s ’ i n s c r i v e n t b i e n
évidemment dans l’histoire de la ville
de Sèvres, « capitale » de la céramique.
La biennale suggère, à deux pas d’un
prestigieux musée unique aumonde,
de prolonger le regard sur les arts du
feu. La porcelaine et le grès se mêlent
parfois au verre, les teintes fumées
aux polychromies retentissantes, les
vases classiques aux sculptures
fracturées.
Une quarantaine de céramistes
sont attendus, dont deux invités
d’honneur. Valérie Hermans, dessi-
natrice, a découvert la céramique
comme une aventure extrême-
orientale. Son univers presque calli-
graphique - simplicité des formes,
délicatesse des décors - est un écho
permanent de la nature, comme les
pâtes qu’elle fabrique elle-même
avec les terres collectées autour de
son atelier. Jean-Paul Azaïs, lui,
est un homme de fumées. Sur des
volumes concentrés vers l’essentiel, il
travaille les palettes indomptables qui
résultent de la cuisson en étudiant
comment la chimie de la nature
influe sur la métamorphose des
matériaux. Une céramique presque
immatérielle, une liberté de nuages.
Le SEL et l’hôtel de ville proposent
en complément de la biennale un
parcours
off
autour de la
Collection
nuageuse
de Marie-Laure Griffe
(jusqu’au 15 juin) et des
Mouvements
céramiques
de Dorothée Loriquet
(jusqu’au 28 mai).
n
www.sel-sevres.orgRois
et reines
Quand Derain fait danser les cartes
, tout l’univers
des Ballets russes reprend vie.
Au Musée français
de la Carte à jouer d’Issy, jusqu’au 10 juillet.
Cinquième édition d’
ArtCéram
, biennale internationale de céramique contemporaine,
au Sèvres
Espace Loisirs du 13 au 29 mai.
E
lles venaient de loin, à une époque où vouloir à tout prix être
artiste quand on était femme supposait par-dessus la vocation
un caractère bien trempé. En une soixantaine d’œuvres -
sculptures, céramiques, peintures, dessins - la Maison des Arts
d’Antony déroule un panorama de l’art au féminin, dans l’atelier créatif
foisonnant du Paris des années quarante aux années soixante.
Autour
de JuanaMuller
, sculptrice chilienne née en 1911, étudiante aux Beaux-
Arts de Santiago, qui à Paris devient l’élève de Zadkine et l’assistante
de Brancusi, avant de mourir, trop jeune, en 1952. Elle laisse peu
d’œuvres, mais chacune solide, essentielle, «
centre d’énergie et concen-
tration de forces.
» La rejoignent, venues comme elle d’ailleurs -
Amérique du Sud, Russie, États-Unis… - sept compagnes de l’aventure
artistique parisienne : Marta Colvin, Charlotte Henschel, Elvire Jan,
Vera Pagava, Alicia Penalba, Helen Phillips et Irène Zack.
Conférence le samedi 21 mai (16 h) de Sabrina Dubbeld qui a
dirigé la publication l’an passé de
Juana Muller, destin d’une femme
sculpteur
(Somogy).
n
www.ville-antony.fr/maison-des-artsHuit
Femmes
Céramique
autrement
L
e paysage est décidément à l’honneur dans le département.
Aux côtés de la grande exposition consacrée par le Musée
du Domaine départemental de Sceaux à l’apogée du genre
au XIX
e
siècle, le discret Centre d’art contemporain Chanot de
Clamart s’intéresse avec
Paysages sublimés
au prolongement du sujet
dans la création contemporaine. Est-ce d’ailleurs bien un sujet ?
L’accent prend ici tout son sens : quand la peinture jadis envisageait
le paysage comme représentation d’une nature sublime, l’art
moderne lui préfère une nature sublimée - transposée, transfigurée,
passée par le filtre de l’inconscient. Au point que le rapport des
forces paraît s’inverser, comme le suggérait Oscar Wilde qui,
trouvant à la nature «
une extraordinaire monotonie et un complet
inachèvement
», lui préférait les révélations de la création artistique.
Avec des œuvres - vidéos, photographies, installations, peintures -
d’Hicham Berrada, Marie Denis, Chourouk Hriech, Mirka Lugosi,
Bertrand Planes, Anne Laure Sacriste et Ludovic Sauvage.
Jusqu’au 3 juillet.
n
www.clamart.fr/loisirs/culture/le-centre-dart-contemporain-chanotAu-delà
du réel
Belles
hippomobiles
A
mateurs de belles carrosseries et de chevaux puissants, oubliez
Ferrari et Porsche et ruez-vous - si l’on ose dire - à la biblio-
thèque Paul-Marmottan de Boulogne, jusqu’au 30 juillet, pour
l’étonnante exposition
Carrosses à Marmottan
. Autour des gravures
publiées au Premier Empire par Pierre de La Mésengère, on découvre
plus de cent soixante œuvres, dont certaines jamais encore exposées.
Beaucoup sur papier, mais pas seulement : peintures, objets et bien
sûr carrosses complètent le panorama. On y rencontre les métiers et
les techniques qui inventent à la fois le voyage et les embouteillages :
carrossier, charron, peintre, décorateur…On décline, des transports en
commun à la grande voiture « suréquipée » comme on ne disait pas
encore, la gamme infinie d’un objet dont on usait autant pour se
déplacer que pour « véhiculer » une appartenance sociale : «
Le carrosse
est en quelque sorte un trône roulant, où l’empereur, le souverain ou le pape
exprime leur majesté
». L’exposition s’achève sur une évocation
des voitures impériales, du jouet d’enfant au char funèbre.
n
www.otbb.org/carrosses-a-marmottan/© D
R
© B
ibliothèque
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