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n°33 - janvier-février 2014
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bonsaïs. Rémy et Isabelle Sam-
son en importent, en cultivent, en
vendent, en exposent. Ils écrivent
des livres, donnent des cours et
parcourent le monde, principa-
lement l’Asie, à la recherche de
nouveaux végétaux… C’est ainsi
que Rémy Samson introduit en
France en 1979 les premiers bon-
saïs d’intérieur, des arbres des ré-
gions tropicales.
« Toutes les variétés
sont miniaturisables,
affirme-t-il
. Il
faut simplement respecter la nature
– les bonsaïs se comportent comme
leurs grands frères – et s’armer de
patience. C’est à ces conditions seu-
lement que l’on pourra conserver un
arbre des dizaines, voire des centaines
d’années. »
À force de taille, de pin-
cement (technique qui consiste à
couper avec de petits ciseaux ou
le bout des ongles les bourgeons)
et de ligature, l’horticulteur fait
ce qu’il veut. Il arrive, pour les
arbres de montagne, à reproduire
l’effet du poids de la neige sur les
branches par exemple. Il a même
créé des forêts entières.
L’entreprise de Rémy Samson, ce
sont deux sites : une boutique à
Paris et une autre qui fait égale-
ment musée à Châtenay-Mala-
bry. C’est là que sont exposées les
pièces dont il est le plus fier, les
bonsaïs dont il connaît l’histoire
par cœur et qui lui sont chers.
Unique au monde
« Les plus beaux arbres sont en Asie,
reconnaît le spécialiste
. Mais l’on
peut dire que notre collection est
l’une des plus variées du monde.
Elle est unique de par la diversité
des formes, origines, essences, âges,
rareté… »
Les arbres ont entre
cinquante et un peu moins de
deux cents ans. Il y a des pru-
niers, des banyans, des érables,
des charmes, des cèdres, des
genévriers, des pommiers, des
pins, des épicéas, des rhododen-
drons, des thuyas, des ormes…
Un expert est venu spécialement
du Japon en janvier 2013 pour
les examiner. Initialement esti-
mée à 420 000 euros, la collec-
tion constituée de soixante pièces
a été vendue au conseil général
pour près de 290 000 euros.
À quelques mois de la retraite,
Rémy Samson tenait à ce que sa
collection soit conservée en inté-
gralité et qu’elle continue à être
présentée au public. Déjà pro-
priétaire de plusieurs collections
botaniques (convolvulacées, châ-
taigniers, aulnes), le Département
exposera pour commencer douze
bonsaïs d’intérieur dans le palma-
rium du jardin départemental Al-
bert-Kahn à Boulogne-Billancourt.
Les quarante-huit arbres restants
seront installés à partir de juin à
l’Arboretum du domaine dépar-
temental de la Vallée-aux-Loups
un mot qui signifie
arbre en pot
en japonais
soit le nombre de bonsaïs
de la collection,
dont 12 sont d’intérieur
soit l’âge approximatif
du plus vieil arbre, le plus jeune
a environ 50 ans
soit le nombre estimé
de visiteurs annuels
qui profiteront de la collection
Bonsaï
60
190 ans
300000
à Châtenay-Malabry. Le nombre
des visiteurs potentiels est estimé
à trois cent mille par an.
Rémy Samson lui ne sait pas
encore s’il conservera quelques
bonsaïs.
« Cela demande trop de
disponibilité. »
Ce qui est sûr c’est
qu’il gardera de nombreux souve-
nirs.
« Pendant quarante ans, au-
delà d’être mon métier, cette passion
m’aura permis de découvrir des pays,
des cultures, des hommes. Et ce, par le
petit bout de la lorgnette. »
n
Émilie Vast
Photos : Willy Labre
P
hotos
: CG92 / WILLY LABRE
Pour « façonner » les arbres,
l’horticulteur se sert de ligatures,
de tailles et de pincements.