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n°33 - janvier-février 2014
3
L’
amateur de grand souffle est familier de
la peinture d’Olivier Debré. Chez ce petit-
fils de peintre – on parle moins de cette
branche-là de la famille, sa mère était la
fille d’Édouard Debat-Ponsan, peintre d’histoire, de
nature et de portrait –, la virtuosité est un don à la fois
héréditaire et révolutionnaire. Rencontrant Picasso, Le
Corbusier et de Staël, il rompt à la fin des années
quarante avec sa formation pour s’engager dans l’ex-
ploration d’une « abstraction lyrique » très person-
nelle. Il y a du zen sur cette voie, la vigueur du geste,
la netteté du trait. Et de l’enthousiasme pour la cou-
leur, comme une méditation sur des paysages inté
rieurs. Pendant cinquante ans, le peintre Debré est
aussi graveur. Sur ces formats plus mesurés que sur
les chefs-d’œuvre monumentaux, la passion pour la
forme, les textures et les envolées est la même. Seule-
ment, elle nous apparaît plus familière, moins souffle
coupé que murmure de voisinage. Et l’on se surprend
à goûter ces morceaux de lumière tout autant que des
morceaux de bravoure.
n
Didier Lamare
Olivier Debré, 50 ans d’estampes. Maison des arts de Châtillon,
du 24 janvier au 23 mars. maisondesarts-chatillon.blogspot.fr
Lumières
d’estampe
C’est avec un
Olivier Debré intime et méconnu
qu’on passera l’hiver à la Maison des arts de Châtillon.
O
n a coutume de dire que la
moindre des « périodes » de Pa-
blo Picasso aurait de quoi remplir
la vie entière de beaucoup d’artistes. D’au-
tant que son incroyable profusion créa-
trice ne s’est pas cantonnée aux tradition-
nels beaux-arts : en découvrant la
céramique à Vallauris, dans cette Pro-
vence où il s’installe en 1948, Picasso va
révolutionner l’ancestral artisanat de la
terre. Parce que, comme à chacune de ses
vies nouvelles, Picasso ne fait pas les
choses à moitié. Quand il met « la main à
la pâte », c’est pour d’abord apprendre
auprès de ceux qui savent avant de se
laisser aller à sa fertilité coutumière. Tra-
vaillant à l’atelier Madoura, il produira sur
vingt-cinq ans environ 4 000 œuvres
originales… Dont plusieurs centaines se-
ront officiellement « éditées », soit par
reproduction par les artisans de l’atelier,
soit par transfert de l’original gravé sur
une matrice de plâtre permettant le tirage
en plusieurs exemplaires. Originaux rares
et matrices pour la première fois présen-
tées au public, le parcours de l’exposition
à Sèvres est jubilatoire. Picasso tord le cou
aux vases comme aux traditions, faisant
surgir de son imaginaire une Antiquité
plus vraie que nature, une mythologie
éclatante de santé, une Méditerranée plus
bleue, plus ocre, allumant ainsi des feux
qui réchaufferont l’art de la céramique
même après lui.
n
D. L.
Sèvres – Cité de la céramique. Jusqu’au
19 mai,
©
succession
picasso
2013 /
photos
:
maurice
aeschimann
Les terres
de Picasso
Sèvres – Cité de la céramique expose plus de
cent cinquante
œuvres
d’un Picasso physique, truculent et insaisissable.
DR